19 mars 2024

 Je viens de retirer les flocons de neige en papier que je bricole chaque année pour placer dans mes fenêtres.  Nous sommes officiellement le dernier jour d'hiver et voila qu'il neige.  Ça aura été une drôle de saison très peu froide et qui aura permis à un printemps hâtif de s'installer.  J'ai plus tricoté que skié,  une seule fois du ski de fond, une fois de la raquette ( je n'en raffole pas) et cinq ou six fois de sorti avec ma trottinette des neiges.   

De toute façon je ne sors plus beaucoup depuis un an.  Ma santé s'est dégradée.  J'ai survécu à un cancer de la gorge en 2002, mais récemment des séquelles importantes apparaissent l'une après l'autre : difficulté à parler, à manger, douleurs et fatigue.  En juin de l'année passée on m'a installé un tube pour me nourrir directement par l'estomac, c'est une gastrostomie.  Depuis je n'ai plus mangé ni même bu quoi que ce soit.  Tout passait directement dans mes poumons.  Le printemps dernier avait été difficile, j'étouffais.  C'est beaucoup mieux maintenant, bien que me nourrir soit devenu monotone.

La semaine dernière mon ORL m'a annoncé que j'avais a nouveau un cancer de la gorge.  Ce n'est pas le même qui revient, c'est une autre sorte de cancer.  Pas de chance!  Ce sont les mots du médecin.  Moi qui avait fabriqué au tricotin une murale avec le mot CHANCE parce que la chance il parait que l'on doit se la faire.  Un travail inutile on dirait.  Je crois que je vais transformer le mot pour écrire DANSE.  Car je continue de danser dans mon salon, et j'adore ça,  Ces temps-ci sur un disque de Pink Martini.  

J'ai beaucoup mieux pris la nouvelle cette fois-ci.  La première fois j'avais pleuré durant trois jours.  Là, je fais pleurer ma famille et mes amies.  Je m'en excuse, vraiment.  C'est moi qui les console.  Je suis trop sereine on dirait.  Pourtant je suis lucide.  Mais je ne peu que réaliser que j'ai eut plus de vingt ans de sursis.  Que j'en ai profité et que j'en profite encore, c'est pas terminé.  Mon fils et sa femme attendent un bébé pour le mois d'avril.  C'est bientôt et c'est merveilleux.  La vie est forte mais à la fin c'est toujours la mort qui gagne.


L'hiver se termine

Demain commence le printemps

Peut-être mon dernier




 






15 mars 2024

 Ça fait un bout de temps que je désire reprendre ce blogue et chaque fois, je me trouve une bonne raison pour faire autre chose.  Comme le printemps c'est le temps de faire du ménage dans ses affaires, j'ai entrepris de  faire du tri dans mes haïkus.  J'ai cru naïvement que j'arriverais à les faire publier.  Après le refus de plusieurs maisons d'éditions ici et en France, je me suis souvenu du plaisir que j'avais à rédiger ce blogue, d'y présenter et mes haïkus et mes aquarelles.  Me voilà donc de retour, j'espère pour votre plus grand plaisir, en tout cas, pour le mien.


Retour du printemps
À chaque matin plus d'oiseaux
En rester sans voix



07 mai 2016




Le soleil d'automne

traverse les feuilles des grands arbres

-en fait des vitraux


Le jardin des soeurs


J'ai décidé d'entrer chez les soeurs quand j'étais en première année. C'est à cause d'une soeur gentille. Le plus drôle, c’est que je ne sais même pas son nom. Je crois qu’elle me l’avait dit mais que je l’ai oublié. En première année j'étais vraiment petite, la troisième plus petite de la classe. Je le sais parce qu’on nous place toujours par ordre de grandeur pour entrer dans la classe et je suis encore la troisième plus petite même si je suis en quatrième année, ça n’a pas changé. Des fois il y en a un ou une qui se fait changer de place dans le rang parce que ça arrive que les enfants poussent tout d’un coup. Ça s’appelle une poussée de croissance, mais moi, on dirait que j’en ai jamais. Je pousse tranquillement pas vite.
Pour les petites dans la cour d'école, il n'y a jamais une balançoire de libre à la récréation, alors je n’ai jamais réussi à me balancer. C'est parce que quand j'arrive dans la cour les balançoires sont déjà toutes occupées et si j'arrive tard c'est parce que je n’aime pas la bousculade avec les plus grands à la sortie de la classe, alors je laisse passer tout le monde. Je fais encore comme ça, alors comme je sortais souvent la dernière de la classe à la récréation, quand j’arrivais aux balançoires je n’avais plus qu’à faire la queue avec les autres petites. C’est surtout les filles qui aiment les balançoires.
J'avais beau faire la queue, les filles donnaient toujours leur place à leurs amies. Personne ne respecte la queue, ça c’est un principe que j’ai fini par comprendre, il y a toujours des passe-droits. En première année je n’avais pas encore d’amies parce qu’on venait d’arriver au village. En plus nous avons déménagé en court d’année, au mois d’octobre. J’étais donc la petite nouvelle, celle dont tout le monde aime se moquer. Dans ma famille je suis la plus vieille. J’ai deux soeurs plus petites que moi qui n’allaient pas encore à l’école, alors je n’avais pas non plus de grande soeur comme certaines pour me passer sa balançoire en passe-droit.
Il y avait toujours à côté de moi la petite Gervais, qui est encore plus petite que moi, la plus petite de la classe en fait, et qui faisait la queue inutilement comme moi. Elle a bien deux soeurs mais elles sont dans la grande école, là où il n’y a pas de balançoire dans la cour. Elle a aussi un frère, mais il ne joue pas aux balançoires, il préfère jouer au ballon avec les autres garçons. À force de faire la queue ensemble, nous sommes devenues un petit peu des amies. Nous nous sourions à la récréation et c’est comme ça que j’ai appris qu’elle était très gentille. Elle était fine avec moi mais ce n’est pas elle qui aurais pu me passer sa balançoire, ni l’inverse d’ailleurs. Un jour, même, nous nous étions dit que si jamais l’une d’entre nous avait une balançoire une bonne fois, nous la passerions à l’autre au moins un petit peu. Comme ce n’est jamais arrivé, nous restions ensemble à faire la queue et à regarder les grandes qui ont toujours tout. Nous ne nous décidions pas à faire autre chose que la queue. Nous ne pensions jamais à nous apporter une corde à danser ou autre chose pour jouer. Nous étions trop petites.
Un soir la maîtresse m'avait retenue pour m'expliquer quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre, quelque chose de très simple comme: je dois faire mes devoirs à la maison. A ce moment-la, en première année, je n’arrivais pas à me souvenir que j’avais des devoirs une fois rendue à la maison. C’était comme si, dès que je rentrais chez moi, j’oubliais l’école et je ne pensais qu’à jouer avec mes soeurs. Quand ma mère me demandait si j’avais des devoirs, je ne m’en rappelais plus et je lui disais que non. Alors je ne les faisais jamais.
C’est dur à expliquer à une maîtresse que ce n’est pas parce que je suis paresseuse que je ne fais pas mes devoirs, que c’est juste que je suis oublieuse. Elle était gentille ma maîtresse de première année, elle parlait toujours doucement. Je n’ai pas eut l’impression de me faire chicaner, elle m’a surtout dit de bien écouter juste avant de partir de l’école car c’est à ce moment là qu’elle répète quels sont nos devoirs. Je ne pouvais pas les écrire, je ne savais pas encore écrire. Elle m’a demandé de faire l’effort de m’en souvenir. Je lui ai promis de bien écouter. C’est ça que les élèves sont supposés faire à l’école, écouter, mais c’est long une journée à écouter et moi j’ai besoin de bouger et j’ai hâte que la classe finisse enfin pour pouvoir sortir jouer dehors. Elle m’avait retenue pour me répété juste pour moi quels étaient les devoirs de la journée : il fallait écrire une ligne de e, puis une de é, puis encore une de è et encore une dernière de ê.
C’est drôle que je m’en souvienne encore. C’est peut-être parce que c’était la première fois que je faisais l’effort de m’en souvenir. Ce n’était pas compliqué pourtant. J’avais juste à retenir que je devais écrire une ligne de chaque e avec son chapeau en plus d’une sans chapeau. Elle a même écrit la première lettre de chaque ligne en me disant que je devais les terminer à la maison. C’est ça des devoirs, pas plus compliqué.
Quand j'ai enfin pu quitter la classe tout le monde était déjà dans les autobus. C'est là que j'ai vue quelque chose que je n’avais jamais vue : des balançoires vides. Alors au lieu de me diriger vers mon autobus, j'ai couru me prendre, enfin, une balançoire. Je n’ai pas pu résister. Je me suis balancer super haut et j'avais du vent dans la face puis du vent dans le dos. J'adorais ça. Je n’ai pas vue tous les autobus partir l’un après l'autre. Quand j'ai tourné enfin la tête vers les autobus jaunes, le dernier s’en allait vers le haut du village. J'ai voulue sauter de la balançoire, mais j’allais bien trop haut. J’ai commencé par ralentir en frottant mes pieds sur le sol à chaque passage. Ça a pris du temps, mais j’ai fini par ralentir. J’étais quand même assez haut, mais j’ai décidé de sauter. J’ai fait un grand bond, je pensais que je volais. J’ai atterri sur mes deux pattes puis j'ai couru de toutes mes forces, mais je n'étais rien qu'en première année et je ne courrais pas vite dans ce temps là, et puis ça ne servait à rien car je voyais bien que tous les autobus étaient partis et que celui après lequel je courrais n’était même pas le mien. Mais j'ai quand même voulue courir plus vite, alors j'ai glissé dans la garnotte en tournant devant le couvent et me suis étalée sur le côté juste devant le couvent des soeurs.
J'avais un genou en sang, ça brûlait sans bon sens et je ne savais même pas le chemin pour rentrer chez moi. Je me sentais toute seule et perdue comme Boucle d’Or. Je ne savais pas ce que j’allais devenir, si des ours allaient me manger, ou si je resterais toute la nuit dans la cour d’école jusqu’au lendemain. Je me sentais perdue alors j'ai eu peur et je me suis mise à pleurer comme un bébé lala. Mais c'est vrai que ça faisait mal.
Une soeur que j’avais jamais vue avant m'a heureusement entendue. Elle est venue doucement vers moi comme je fais pour m'approcher d'un oiseau. Je n’allais pas m’envoler. J'ai arrêté de pleurer, même si ça faisait encore mal. Je ne voulais pas qu’elle me traite de bébé lala. Elle m'a posé des questions mais j'étais comme sourde, je comprenais rien. Je voyais ses lèvres bouger mais j'entendais juste mon coeur cogner comme un marteau sur un toit de tôle. J'ai fini par entendre: ''quelle année?'' J'ai montré un doigt. Elle a dit avec Madame Genévrier et j'ai fait signe que oui. Elle avait compris. Elle m'a tendu la main et je l'ai prise. Elle avait une petite main un peu rude comme celle de ma grand-maman Gagné. Elle m'a amené au couvent et fait entrer par une porte de côté. Il y avait un local avec des murs tout vitrés dans lequel était assise derrière un gros bureau une autre soeur que je n’avait jamais vue et qui avait une moustache.
La soeur gentille m'a fait asseoir et elle a pris dans le gros bureau une boîte blanche avec une croix rouge dessus. J'ai pensé que c'était un trésor comme sur les cartes de pirates mais c'était juste des pansements. Elle a lavé mon genou avec du peroxyde et m'a mis des carrés de cotons qu'elle a collé avec du ruban collant blanc. J'avais un genou tout blanc comme s'il était dans le plâtre. Je trouvais ça jolie mais exagéré, c'était juste des égratignures après tout.
Quand elle a eut fini, elle m’a demandé comment je m’appelais. J’étais moins triste et de nouveau capable de parler. Elle m’a aussi demandé le nom de mon père puis elle s'est relevée et elle est sortie en me disant de rester sage. Je me sentais tellement bébé que j'avais encore envie de pleurer, mais elle avait été si gentille et il y avait la soeur à moustache qui me regardait. Elle n’avait pas l'air méchante, la soeur à moustache, mais elle avait l'air pas commode non plus, et puis sa moustache me donnait envie de rire alors je n'aie pas pleuré. Si je regardais mon pansement, j’avais le goût de pleurer et si je regardais la soeur moustachue, j’avais envie de rire. J'ai attendue en regardant ailleurs pour ne pas rire, ni pleurer.
Quand la soeur gentille est revenue, elle a dit que mon père allait venir mais qu'en attendant, elle avait une surprise. J'étais contente, mon père allait venir me chercher et j'allais avoir une surprise juste pour moi. Elle m'a fait signe de la suivre. J'ai fait un petit salut à la soeur moustachue, je ne savais pas trop comment m’y prendre alors j’ai fait une sorte de révérence comme on fait pour la reine d’Angleterre et je suis sortie. C'était pas une bonne idée parce que ça me tirait dans le genou et que j'ai pas pu m'empêcher de faire une sorte de grimace avec ma face.  J’ai suivie la soeur tout le long d’un corridor, puis nous avons tourné, puis suivi un autre corridor, pour sortir par une autre porte. Là, nous sommes arrivées dans une cour pleine de soleil.
Il y avait de grands arbres et des feuilles d'automne toutes colorées partout. Je n’avais jamais vue cet endroit parce qu'un grand mur de pierres en fait le tour. Il y avait encore des fleurs et une statue de Marie au milieu. Nous nous sommes assises sur un banc, il y en avait quatre tout autour du carré de fleurs. J'aurais bien fait le tour du parc mais mon genou me faisait mal quand même un peu. Je croyais que c'était ça la surprise, mais ce n'était pas tout. Elle a plongé sa main droite sous un pli de sa robe. La soeur portait une robe blanche avec par-dessus une sorte de jumper noir pas cousu mais attaché par des cordons. Ça me faisait penser aux tabliers que nous portons mes soeurs et moi pour manger à la maison. La soeur a fouillé un peu dans sa robe, ça n’avait pas l’air facile, puis elle a sortie un suçon rouge d'une poche secrète. J’étais contente parce que les rouges, c’est mes préférés. Elle m’a dit : Tu peux le manger. J’espère que tu aimes les rouges? Moi, quand j’étais petite c’était mes préférés. Nous étions pareilles, j’ai trouvé ça drôle, parce que la gentille soeur avait l’air tellement vieille que j’aurais dit qu’elle avait au moins cent ans. J’essayais de l’imaginer petite fille comme moi avec un suçon rouge dans la bouche et ça m’a amusé beaucoup.
J’ai ouvert mon suçon et je l’ai mis dans ma bouche. Elle a tendu la main et j’ai compris qu’elle voulait le papier. Je le lui ai remis et elle l’a mis dans sa poche secrète, celle où il y avait le suçon avant. Je suis resté là en silence avec ma nouvelle amie, à regarder le soleil traverser les arbres pour nous colorer les pieds. Je n’avais jamais ressenti autant d’amitié avant, surtout d’un adulte et encore plus d’une soeur. Il faisait chaud, j’étais bien. La soeur m’a encore parlé un peu, elle a dit que ce jardin, c’est elle qui l’entretien avec d’autres soeurs et que c’est ici qu’elles viennent se reposer quand elles le peuvent. Que c’est aussi un endroit parfait pour prier parce que c’est calme et que c’est beau et que tout ce qui est beau nous rapproche de Dieu. J’avais l’impression, comme elle parlait tout doucement et presque tout bas, qu’elle me disait un secret.
Je me sentais fière de partager le secret du jardin des soeurs. Je ne le dirai jamais à personne. Elle a continué de parler doucement en disant que dans ce couvent elles étaient une soixantaine de religieuses et que malheureusement l’appel de la vocation se faisait de plus en plus rare chez les jeunes filles et qu’il n’y avait parmi elles que huit novices alors que lorsqu’elle était postulante elles étaient une quarantaine de jeunes filles ayant entendue l’appel de Dieu. Elle a dit qu’elle était heureuse ici, pas seulement dans le jardin, mais partout dans ce couvent, que c’était un endroit calme et plein de petites joies comme ce si beau soleil d’automne dans les feuilles colorées.
Elle a arrêté de parler et nous nous sommes contentées toutes les deux de regarder le jardin si beau. J'avais presque mangé tout mon suçon, le bonbon était rendu tout mince, quand une autre soeur est arrivée. Elle a fait un signe de tête vers la soeur gentille et nous nous sommes levées pour la suivre en silence.  J'ai retirer le suçon de ma bouche, parce que ma mère me dit qu'un suçon ça se mange sans bouger, sinon on peut se faire mal avec le bâton.  Nous sommes rentrer à nouveau dans le couvent, nous avons marcher dans le grand corridor mais nous en avons pris un autre après, puis un escalier tout blanc, puis un autre corridor, puis j'ai aperçu mon père dans un autre local tout vitré mais bien plus grand que le premier et sans soeur à moustache. Il ne m'a pas dit un mot sauf : ''Merci'' à la soeur si gentille.
Devant le couvent, il y avait la voiture de mon père. Nous sommes rentrés en silence. Je sais qu’il n’aime pas beaucoup les religieuses et qu’il ne devait pas être content d’être entré dans un couvent pour venir me chercher, alors je n’ais rien dit. Je sais aussi que d'avoir du dire merci à une religieuse avait du lui demander un effort. J'étais toute seule sur la grande banquette arrière rouge du Météor noir de mon père. Je me sentais grande et importante comme une reine. J’avais envie de faire des signes de la main comme ceux qui font des parades mais il n’y avait personne dans les rues. J’étais contente que mon père soit venu me chercher. C’était la première fois qu’on était tous les deux tout seul dans la voiture. Je me sentais si bien que je ne sentais plus mes bobos aux genoux. Je regardais dehors en finissant de croquer mon suçon. C’est dur de ne pas le croquer, arrivé à la fin. Le bonbon devient si mince qu’il se croque tout seul, alors il faut en profiter car là, c’est la fin.
Je n'ai pas pensé une minute qu'une fois rendue à la maison je me ferais chicaner par ma mère. C'est là que tout mon chagrin est revenu. Ma mère m'a envoyé me coucher. Elle m'a aidé à me déshabiller en me parlant fort. Elle s’était inquiétée en ne me voyant pas sortir de l’autobus scolaire quand il est passé. Elle avait téléphoné à l’école mais ça ne répondait pas. C’est la gentille soeur qui a finalement téléphoné à ma mère pour lui dire où j’étais. Mon père n’était pas encore arrivé, mais quand il est rentré du travail ma mère l’a envoyé me chercher au couvent. Ma mère me disait tout ça en me déshabillant.   Elle a observé le gros pansement sans dire un mot.  Je me suis retrouvé en camisole et en petite culotte et elle m’a mise au lit. C'est bizarre, mais j'ai dormi. D'habitude j'ai du mal à m'endormir, surtout en plein jour, mais la boum! Je me suis endormie.
Quand je me suis réveillée ma mère lavait la vaisselle. Elle m'a donnée à manger et j'ai soupé toute seule comme une grande en repensant à ce qui venait de m’arriver. Pour la première fois de ma vie, je m’étais sentie importante et c’était grâce à la soeur gentille. Je voulais faire la même chose qu'elle, faire en sorte que les autres se sentent importants. C'est à ce moment là que j'ai pris la décision de devenir religieuse plus tard. Je n'ai rien dit. Pas à ma mère, même si ça lui aurait fait plaisir je pense, parce que ce jour-là elle était trop énervée pour m’écouter. Je ne le dirai pas plus à mon père parce que je sais très bien qu’il hait les curés, les soeurs et les militaires.
Pour les militaires je comprends très bien car ce sont eux qui font la guerre, mais les curés et les soeurs, là, je ne le comprends pas. D’habitude ils ne font de mal à personne, bon, sauf la soeur directrice. C’est peut-être pour ça que mon père n’aime pas les soutanes comme il dit. C’est peut-être parce qu’il a eut un directeur de l’ancien temps comme nous autre et que les parents de son temps n’ont rien dit quand ils ont reçu des coups de strap. Alors j'ai gardé deux secrets dans mon coeur: le jardin des soeurs et mon désir de devenir religieuse un jour. 
 Avec tout ça, j’avais oublié de faire mes devoirs.

14 avril 2016



Il y a 5 ans, alors que j'étais au chômage (décidément c'est récurrent, car je le suis de nouveau) j'avais entrepris d'écrire un  roman.  Comme mes romans préférés se réfèrent souvent à l'enfance et prennent un enfant comme narrateur, j'ai voulu tenter l'expérience et relever ce défi.  Cela m'a pris un an.  J'ai une excellente mémoire émotive et si les dates fuient mon esprit les sensations sont très présentes malgré les années.  Je me suis donc largement inspirée de mes souvenirs, de mes sensations et de mes réflexions d'enfant pour écrire ce livre qui n'est pas publié faute de courage pour le donner à lire à des éditeurs. Je ne l'ai proposé qu'aux Éditions Alto que j'aime particulièrement, et leur refus m'a fait figure de message de la part de tous les autres éditeurs.  Je ne me prends pas pour une écrivaine mais j'ai aimé l'exercice.  Ma mère m'a proposé de le diffuser sur mon blogue et en bonne fille je lui obéis.  Sachez que le récit se déroule en 1969, que le Québec tentait encore de se sortir de la grande noirceur.  Les noms et certains événements ont été changé afin de préserver la vie privée des gens et aussi pour le plaisir d'en rajouter un peu.  Voici donc le premier chapitre:



Les pots de chagrin


L’avenir

Quand je serais grande je ne me marierai jamais. Je sais que je suis petite, on n’arrête pas de me le dire, mais j’ai neuf ans et j’ai déjà des idées sur ce que je veux faire quand je serai grande. Je n’ai pas envie du tout de devenir une femme avec un nom d’homme. C’est ce que font les femmes mariées. Ma mère s’appelle Madame Jean Goudreault, je trouve que ça n’a pas d’allure. Je préfère rentrer chez les sœurs, même s’il me faudra prendre un nom de sœur, au moins, c’est moi qui le choisirai. Je prendrai le nom de Marie, de toute façon je l’ai déjà sur mon baptistaire alors ce ne serait pas un gros changement.
Quand je serai religieuse, je partirai en Afrique, là où les hommes sont gentils et où il n’y a pas de guerre, juste de la misère. Je serai une sœur soignante, ou enseignante, ou bien les deux. En Afrique, ils sont trop pauvres pour faire la guerre, ils ne peuvent pas se payer des armes, et c’est difficile de se battre quand il n’y a rien à manger. S’ils n’ont rien à manger c’est à cause de la misère, de la grosse misère noire. C’est possible de se battre contre la misère, même la misère noire, mais il n’y a rien à faire contre la guerre, c’est toujours elle qui gagne. Il n’y a jamais personne qui gagne vraiment une guerre, même celle contre les Allemands, personne n’a gagné. Il y a eut plein de morts des deux côtés, même que je pense que les allemands ont perdus moins de monde que les autres. Alors quand j’entends qu’ils ont perdu la guerre, moi je n’en suis pas si sure. Je crois que le mieux que nous pouvons faire c’est d’arrêter la guerre et que la seule façon de gagner une guerre c’est de l’empêcher. Parce que si on ne l’empêche pas, il n’y a que des perdants, des deux côtés, et même des fois plus, quand c’est une guerre mondiale.
C’est pareil que la chicane, il n’y a rien à faire avec ça. Tous le monde à de la peine quand il y a de la chicane. Pas seulement ceux qui se crient des noms, mais tout le monde autour. Des chicanes, il y en a souvent à l’école. Je suis contente que l’école achève, ça va bientôt être les grandes vacances d’été. Je vais pouvoir prendre ma bicyclette pour aller ailleurs qu’à l’école. Ce n’est pas que je n’aime pas l’école, mais on n’y apprend pas grand chose. Il y a trop de monde, trop de bruits, trop de garçons baveux et trop de filles pas fines. Plus il y a de monde et plus il peut y avoir de la chicane, c’est comme ça. Il y a les chicanes entre les élèves et il y en a aussi entre les professeurs et ça en plus des professeurs qui chicanent les élèves. Il y a même eut une chicane entre les parents et la directrice cette année. C’est vrai qu’elle est complètement folle, elle donne des coups de strap aux élèves parce qu’ils sont mal habillés. Comme si les enfants faisaient exprès d’être pauvres. Dans le village il y a beaucoup de pauvres, en tout cas, il n’y a pas beaucoup de riches.
Une fois j’ai bien cru que c’était mon tour de goûter à la strap. La directrice était postée devant la porte de ma classe alors que nous rentrions tous de la récréation du matin et elle regardait les jambes de toutes les filles qui entraient. Celles qui portaient des pantalons moulants sous leur uniforme au lieu des collants se faisaient attraper par un bras et mettre de côté pour aller à son bureau. Il y avait déjà trois filles alignées près du mur, l’air résigné et les lèvres tremblantes d’humiliation. Je n’en menais pas large. Je suis passée sans que la sœur directrice ne se rende compte que moi aussi je portais des pantalons moulants au lieu d’une paire de collants. Je ne sais pas ce qu’a la directrice contre les pantalons. Si la directrice ne s’est aperçue de rien, c’est que ma mère nous fait mettre à ma sœur et moi des chaussettes de la même couleur que nos pantalons, des bleus pour moi et des rouges pour ma sœur. Alors, c’est vraiment difficile à voir. Si nous portons des pantalons au lieu des collants, c’est parce qu’ils sont plus résistants, qu’ils coûtent moins cher et que c’est plus beau que des collants trop souvent raccommodés. Puis avec nos uniformes gris, ça met un peu de couleur. Les filles, nous devons porter des jumpers gris et les garçons des pantalons gris. Avant nous devions absolument porter du blanc avec nos uniformes carreautés verts. Mais depuis qu’ils sont gris, ça fait déjà deux ans, le règlement est plus souple, enfin, c’est ce que nous pensions. Les pauvres filles qui sont allées chez la directrice en sont revenues en pleurant. Elles n’ont pas voulu dire ce qu’elles avaient enduré, mais tous le monde sait qu’elles ont mangé de la strap, mais où? Sur les doigts, les fesses, ou peut-être sur les mollets que la directrice surveillait tant.
Cette directrice est une sœur tellement vieille qu’elle a des principes passés date et qui viennent d’une autre époque. C’est comme si le temps s’était arrêté pour elle, elle vie dans l’ancien temps. Si la directrice est devenue si méchante, il parait que c’est parce que l’année prochaine les sœurs ne porteront plus le voile, ni ces drôles d’uniformes qui leur donnent des airs de corneilles. Elles devront s’habiller comme tous le monde, tous simplement, et pour pouvoir les reconnaître elles vont porter de petites croix sur leurs vêtements. Moi, je trouve que c’est une bonne idée. J’en suis très contente, je vais pouvoir profiter de cette nouveauté un fois que je serai chez les sœurs. J’espère seulement que je n’aurai jamais une directrice aussi vieille que celle-là. D’ici à ce que je sois assez grande pour faire mes vœux, les vieilles sœurs de l’ancien temps seront à la retraite depuis longtemps, c’est sure.
Depuis cette histoire des pantalons moulants, la directrice a été remplacée par un directeur laïc. C’est un marguiller, une personne qui aide l’église mais qui n’est pas un curé. C’est lui qui dirige l’école pour le reste de l’année, même si nous ne le voyons jamais. Il travaille, il est marié et il a des enfants, alors il ne vient que le soir et il fait des réunions avec les sœurs et avec les professeurs. Il n’y a plus de sœurs qui enseignent, elles sont toutes trop vieilles, il ne restait que la directrice et puis d’autre sortes de sœurs qui dirigent d’autres sortes d’affaires comme celle qui à toute les clés et celle qui tient la procure. Elle, c’est la plus fine, des fois elle nous donne des affaires qui reste trop longtemps sur les tablettes comme la fois ou elle nous avait donné des vieilles effaces roses qui ne sentaient plus rien mais qui effaçaient encore.
Le plus gros changement qui est arrivé avec le nouveau directeur c’est que nous ne faisons plus la prière chaque fois que nous rentrons dans la classe et nous ne chantons plus le Ô Canada tous les matins. Nous disons simplement bonjour à la maîtresse tous ensemble. Comme ça nous avons plus de temps pour apprendre. C’est dommage, moi j’aimais bien chanter, mais j’aurais changé de chanson de temps en temps et puis les prières je trouve que c’est mieux de les faire à l’église ou bien dans son coeur. Je trouve qu’une prière c’est personnel dans le fond et nous pouvons bien prier où et quand nous le voulons. Pour moi le mieux c’est le matin en me levant, pour bien commencer la journée et le soir en me couchant pour faire mon examen de conscience et penser à ma journée afin de voir ce que j’aurais put améliorer. J’ai appris ça en deuxième année, quand nous nous préparions pour la première communion. C’est important de bien faire nos prière parce qu’Il faut être toujours prêt à rencontrer le bon Dieu, on ne sait jamais.
Toutes ces histoires avec les sœurs ça nous a fait une drôle d’année scolaire. Beaucoup de personnes se sont chicanées. Les parents qui étaient d’accord avec les sœurs et ceux qui était pour le nouveau directeur avaient formé des camps opposés, comme des armées. Je crois même que le gouvernement s’en est mêlé, pour que ça s’arrête. Même mes parents n’étaient pas d’accords entre eux. Mon père n’aime pas les curés, ni les religieuses et il est contre la prière dans les écoles, mais ma mère est croyante et elle est pour ça. Même si mes parents ne pensent pas pareil et qu’ils ne sont pas d’accord, ils ne se disputent pas pour ça. C’est la preuve qu’on peut être ensemble et puis avoir toutes sortes d’idées différentes et même qu’en plus c’est possible de s’aimer pareille.
Avec toutes ces chicanes, l’école ne possède pas toujours l’ambiance idéale pour apprendre. Je me dis des fois que j’aimerais mieux apprendre toute seule, les livres sont faits pour ça. Si j’avais le livre de la maîtresse, je n’aurais pas besoin d’elle. Je l’ai vue souvent son grand livre du maître, sur son bureau. Des fois, quand c’est mon tour de laver le tableau, j’en lis quelques pages et je trouve ça vraiment intéressant. Il y a des notes qui disent comment expliquer et il y a des exemples et des exercices avec les réponses. Ce n’est pas tellement les réponses qui m’intéressent que les explications qui sont données. Elles sont beaucoup plus claires que ce que dit la maîtresse. Elle en dit trop, comme si elle mettait de l’eau dans sa soupe alors c’est difficile de savoir si c’est du bouillon de bœuf ou de poulet.
Au début je la trouvais fine ma maîtresse de quatrième année, mais depuis qu’elle a traité le petit Gallant de pâte molle, je la trouve injuste comme tous les autres adultes. Ce n’est pas facile de trouver un adulte qui soit du bord des enfants. Le petit Gallant a bien le droit de dormir un peu sur son pupitre, vue qu’il se lève de très bonne heure pour faire le train avec son père et qu’il se couche tard pour faire ses devoirs après ses corvées du soir. Elle le saurait, ça, la maîtresse, si elle lui demandait pourquoi il dort au lieu de lui crier après.
Moi, je sais tout ça, pas parce que le petit Galant me l’a dit, il ne parle pas beaucoup, comme tous les garçons, mais parce qu’il vie sur une ferme et que tous les garçons qui vivent sur une ferme travaillent fort comme ça. C’est un bon garçon autrement, il ne se bat jamais, il est gentil avec les filles, il ne nous tire jamais les couettes, il lui arrive même de nous laisser passer devant lui à l’abreuvoir et il n’est pas le dernier de la classe, même qu’il a une belle main d’écriture pour un garçon. J’ai vu l’eau qui montait dans les yeux bleus du petit Gallant quand la maîtresse lui a dit ça, qu’il était une pâte molle, devant toute la classe en plus. Il avait l’air tellement triste, puis, de grosses larmes se sont misent à couler, mais elles coulaient sans un bruit, pas un mot, pas un son ne sortaient de sa bouche.
Je sais pas comment il fait ça, pleurer sans bruit, mais ça m’impressionne, moi je n’y arrive pas. J’aimerais bien qu’il m’apprenne. Je l’ai trouvé très courageux d’arriver à pleurer comme ça, comme les adultes. Je n’avais jamais remarqué avant qu’il avait les yeux bleus comme mon grand-papa Gagné. Des yeux bleus comme le ciel.
Je l’aime assez mon grand-papa Gagné. Il n’est jamais allé à l’école lui. Alors comme il ne sait même pas écrire son nom, il signe avec une croix. Une chance que grand-maman Gagné était maîtresse d’école. Tout les dimanches elle lui lit le Bulletin Paroissial. Mon grand-papa ne sait pas lire, mais lui, il sait parler aux animaux, et les animaux l’écoutent. Il comprend les animaux pas seulement parce qu’il les soigne, mais parce qu’il les écoute. C’est pareil avec les enfants, ceux qui nous comprennent c’est parce qu’ils nous écoutent. C’est aussi rare que ceux qui comprennent les animaux. Mon grand-papa est de ceux là, il comprend les animaux et les enfants, c’est encore plus rare.
Il a une jument difficile qui s’appelle Catin. Elle prend souvent le mord aux dents. C’est parce qu’elle a été maltraitée par son ancien propriétaire qu’elle fait ça. Quand sa jument Catin prends le mord aux dents, il dit que c’est parce qu’elle a peur. Peur qu’on lui fasse du mal, pis que quand la peur est là, elle prend toute la place. Ça ne sert à rien d’expliquer, de tenter de parler, quand un animal a peur, il n’entend plus rien. C’est pareil pour tous le monde il parait. Alors dans ces cas là, mon grand-papa, quand Catin prend le mord aux dents, il la saisi dans ces bras très très fort, car il est très très fort mon grand-papa. Il lui caresse doucement le cou pour la calmer en la regardant droit dans les yeux, puis dès que c’est possible, enfin, quand elle a commencé à avoir moins peur, il peut lui parler doucement.
Moi je n’ai pas peur quand Catin prend le mord aux dents. J’écoute mon grand-papa et je fais tout ce qu’il dit. J’a confiance en lui, il me parle doucement. Il parle toujours doucement et il sait ce qu’il dit. Et puis, il aime les bonbons et il nous amène souvent faire un tour au village avec les chevaux juste pour en acheter un sac que nous cachons ensuite dans la grange pour pas se faire chicaner par maman ni par grand-maman qui ne veulent jamais qu’on mange des bonbons. Surtout pas avant les repas.
Grand-papa Gagné n’a jamais chicané personne, surtout pas un enfant. Ma mère dit que c’est parce qu’il est resté enfant lui-même et que comme ça grand-maman Gagné elle a eut treize enfants à s’occuper durant sa vie, douze qu’elle a mis au monde plus mon grand-papa. Elle peut bien avoir l’air fatiguée des fois. Mai elle a tellement l’air de l’aimer son mari-enfant, ça se voit dans ses yeux et ça se sent dans ses gestes. Elle le sert toujours en premier après les enfants et elle lui met toujours un petit bol de sirop d’érable à côté de son assiette parce qu’il aime ça tremper sa viande puis ses patates dedans.
Mais des maris comme grand-papa Gagné je ne crois pas que ça existe beaucoup. Même le petit Gallant, je l’ai vue un jour donner un coup de pied à un chat. Il n’est pas toujours gentil et il n’a pas du tout l’air de comprendre les animaux. Alors je ne prends pas de chance et je vais rentrer chez les sœurs.





02 mars 2016

Retour

Okuni


La table à dessin 
encombrée jusqu'aux oreilles
-retour au travail


Paradoxalement, je n'ai jamais autant travaillé que depuis que je suis au chômage.  Bien entendu, je ne suis pas rémunérée.  Nous vivons dans un univers de bénévolat.  L'humanitaire, la santé et bien sur, la culture, ne pourraient pas fonctionner sans cela.  C'est une aberration, mais c'est la réalité. 

Ma professeure de danse japonaise, Kayo Yasuhara, va présenter une pièce de danse et de théâtre inspirée de la vie de Okuni, la fondatrice du Kabuki.  Je lui donne un coup de main.  Je m'étais proposé pour illustrer un kamishibai racontant un des mythes fondateurs du Japon: l'histoire d'Amaterasu, déesse du soleil qui donna sa lumière au Japon grâce aux ruses d'une danseuse.  Ce kamishibai servira de préambule à la pièce.  Un kamishibai est une ancienne forme de théâtre ambulant ou des conteurs se servaient d'illustrations présentées dans une petite boîte.  Puis après l'avoir aidé à trouver une salle, j'ai réalisé son affiche, sa page événement sur facebook, j'ai assisté à plusieurs de ses rencontres de production, j'ai rédigé son communiqué de presse et l'ai envoyé aux médias qui s'intéressent à la danse.  Aujourd'hui, je lui fabrique des objets qui compléteront un de ses costumes dont une partie à été ajustée de mes mains.  En fait, j'adore ça.  J'aimerais en faire mon travail, rémunéré cette fois.  J'apprends, je prends de l'expérience et en fait, j'ai beaucoup à donner car je suis polyvalente.

J'ai commencé cette semaine une formation chez Transart.  Je vais apprendre à faire de la sérigraphie.  Une corde de plus à mon arc.  Je ne sais pas encore où cela va me mener, mais j'ai hâte de commencer.  C'est demain mon premier cours et c'est pourquoi je suis de retour sur ce blogue, pour passer le temps, pour patienter.  J'ai entrepris ce blogue comme un loisir et j'ai le désir aujourd'hui de le continuer.  C'est un retour au plaisir de diffuser ce que je fais.

J'ai vécu ces dernières années des moments difficiles, mais je suis maintenant au mieux de ma forme.  Je remercie ceux et celles qui m'ont aidée en m'accompagnant dans ces temps peu cléments.  Ils, elles, se reconnaîtront.  Je les embrasse et les chéris.  J'espère pouvoir tenir à nouveau de blogue afin de poursuivre cette démarche en communication, qui devient de moi en moi un loisir après tout.  



18 octobre 2013

Bouquet final

Chaude nuit d'été
la foule le nez en l'air pour
le bouquet final

L'été est bel et bien terminé,  l'automne nous a fait une blague en l'imitant durant quelques temps.  Malgré cela, nous savons tous que les bonnes choses ont une fin. 

J'annonce ici la fin de ce blogue.  Je l'avais commencé pour combler le vide laissé par le départ de ma fille, ma petite dernière.  Je le ferme aujourd'hui parce que je veux me consacrer à autre chose.   Je vais laisser le blogue pour d'autres formes de création.  Je vais continuer d'écrire, mais j'utiliserai d'autres médiums.   J'ai un roman de prêt, reste à savoir si moi je suis prête à le voir publié.  

Je m'intéresse à la peinture sur soie et je dois réorganiser mon atelier.  L'ordinateur et sa grande tablette graphique sera remplacé par un portable.  La table ainsi dégagée recevra teintures et guta, soies et cadres.  Je suis heureuse de ressortir mes pinceaux, de pourvoir produire quelque chose d'utile: des foulards de soie.   Mon travail d'aquarelliste me servira et mon expérience de designer textile aussi.  Cela correspond autant à mes intérêt qu'à mes capacités.  Ça prendra le temps qu'il faudra, je sais que je vais réussir.  Je vais commencer par de petits essais qui finiront dans des boîtes cadeaux juste à temps pour Noël. 

Je dois tout de même me trouver un petit boulot pour payer cette soif de création, la soie n'est pas donnée.  Je commence lundi prochain un programme de recherche d'emploi intensif.  Ma vie va changer.   

 Je dis donc adieu à ce blogue et merci à tous ceux qui m'ont suivie.  Je ne sais pas ce que demain sera fait mais je suis certaine que pour moi il sera créatif.

12 septembre 2013

Les boules à mites

Au fond de la friperie
l'odeur de la boule à mites
- et des souvenirs
C'est dans une friperie de la rue Rachel, le Rétroviseur, que j'ai eut mon plus gros et  plus long fou rire.  Ce n'est pas d'hier que je fréquente les friperie.  En digne granole, je fréquentais déjà durant mon Cégep une friperie de la rue St-Jean, la Vieille Chipie, et ce sont aujourd'hui, la friperie Renaissance et le Village des Valeurs mes lieux de trouvailles préférés.  Cette semaine dans Les Verts contre attaquent, les animateurs parlaient de l'empreinte écologique des vêtements.  Il en ressortait que la fréquentation des friperies restent encore aujourd'hui une solution gagnante malgré les efforts d'amélioration du marché du vêtements.
J'étais donc avec deux amies, une Québécoise et une Roumaine dans cette friperie qui présentait au fond de sa boutique des vêtements signés.  C'était une de ses journées chaudes et humides des étés typiques de Montréal et nous étions entrées pour y profiter en plus des aubaines, de la généreuse climatisation.
En arrivant au fond du local, mon amie Québécoise, toujours très spontanée, s'exclame haut et fort: 
Ça sent la moule à bite!
Nous nous sommes regardées, puis le fou rire s'empare de nous.  Cette amie, désespérément célibataire à l'époque, venait de faire sa plus belle contrepèterie.  L'odeur de boule à mite n'était que légère mais son nez raffiné l'avait détecté très rapidement.  Nous étions en train de rire depuis plusieurs minutes quand le propriétaire, un ancien voisin anglophone, est venu jeter un oeil sur ce qu'il se passait.  Nous nous sommes calmées un peu, quand l'amie Roumaine, qui riait pourtant de bon coeur avec nous, m'a demandé pourquoi on rit au juste..  Re fou rire.
Je fini par me calmer suffisamment pour lui expliquer ce qu'est une contrepèterie et lui dire que celle qui nous fait si rire vient de la boule à mite.  Explication de ce qu'est cette boule à mite.  Elle me demande alors pourquoi moule à bite nous fait si rire.  Re re fou rire.
Essayez donc d'expliquer quelque chose qui vous fait rire vous!  C'était tordant et difficile.  Un bon cinq minutes plus tard, j'arrive enfin à lui expliquer le sens propre et figuré du mot moule ainsi que la signification du mot d'argot bite.  Re, re et re fou rire général.

Cette fois, impossible de nous calmer car c'était pour chacune de nous en toute connaissance de cause que nous riions.  S'ajoutait à cela la connivence de savoir que notre amie avait ri par solidarité.  Nous étions décidément bruyantes, tellement que nous dûment sortir de la boutique sous l'oeil réprobateur du commerçant.  Ce fut une débandade générale.   Nous avons retrouver notre souffle sur le trottoir qui se prenait pour un four.  Des crampes dans les joues nous nous sommes dirigées vers l'Anecdote pour y boire un rafraîchissement.  Sourire général.

Je ne remercierai jamais assez cette amie qui me procure encore de la joie chaque fois que je pense à ce moment.  Chaque fois que je sens l'odeur de la boule à mite également.  Chaque fois que je repasse devant le Rétroviseur je souri.  Il m'arrive aussi quand je suis vulnérable et triste de repenser à ce moment qui en fut un de vrai partage, de véritable connivence.   J'ai souvent raconté cette anecdote qui fini à l'Anecdote.  Encore aujourd'hui, cela me fait sourire.