25 avril 2009

Mon pauvre fauteuil


Mon pauvre fauteuil
garde un pesant souvenir
de tes deux cent livres

Il en est des êtres comme des choses. Les gens qui nous ont fait du mal, même malgré eux, restent dans notre mémoire longtemps c'est une mesure de défense. Ma mémoire se loge beaucoup dans mon corps, d'après un test de l'UQAM mes plus grandes capacités sont corporelles kinesthésiques. J'ai habituellement des gestes fluides qui ne heurtent rien ni personne. En ce moment au travail je lutte contre ma mémoire corporelle chaque fois que je vois une de mes collègue car une douleur sourde se présente en même temps. Pour une histoire stupide, pour un manque d'écoute, de savoir-vivre et de coeur. Une montre neuve qui sonnait toute les heures et qui me donnait, je ne savais pas pourquoi, de véritables crises d'angoisses qui s'en allait en grossissant d'heure en heure. J'en était rendu au coeur qui bat si fort qu'il semblait sur le point d'éclater, aux mains qui tremblent tellement qu'il m'était impossible de dessiner, juste à écrire ceci je lutte contre ce même tremblement. Je sais que ce n'est pas logique, c'est physique. Après lui avoir demandé poliment d'arrêter ce bruit, requête à laquelle elle m'a simplement dit non. J'ai insisté le lendemain en tentant de lui trouver des alternatives sur son ordinateur. Elle continuait de dire qu'elle avait besoin de sa montre même en voyant bien que cela me dérangeait beaucoup. Elle affirmait ne pas savoir comment l'arrêter et ne pas avoir de temps à perdre pour chercher comment. J'ai fini par l'engueuler, cela faisait trop mal. Elle était dans son droit et maintenait sa position, même la patronne l'approuvait: Voyons Line c'est ridicule, il y a tellement de bruit ici, ce n'est pas ce petit bip de plus ou de moins. J'ai pris sur moi, toute les heures je devais aller prendre une marche pour calmer ce tremblement. Il m'est arriver de passer mes heures de lunch à pleurer dans le parc me demandant pourquoi et comment j'endurais ça. Cela a duré quatre jours puis durant la fin de semaine j'ai pris le temps de me demander d'où me venait cette peur, puisque c'en était une. J'ai fini par réaliser que c'était le même bip que j'entendais en chimiothérapie à chaque fois qu'un sac de chimio était terminé. Il ne faut pas croire que parce que l'on sait d'où vient le problème qu'il est résolu. J'ai donc raconté mon histoire à ma patronne et à ma collègue qui a finalement trouvé comment arrêter ce bip le lendemain. Je l'ai remercié mais elle voulait que je m'excuse de l'avoir traité d'égoïste. Je lui ai répondu que je continuais de le penser et que je m'étais bien retenue de dire tout ce que je pensais. Elle ne s'est jamais excusée non plus. Je sais maintenant que pour sortir de cette impasse il faudrait que je m'excuse la première, mais j'en suis encore incapable. La douleur est encore trop vive. L'animal blessé à du mal à remercier le chasseur de l'avoir gracié, c'est pourtant ce que j'ai fait, mais je ne peut pas encore lui demander pardon d'avoir crié. J'ai la sagesse de le reconnaître mais pas celle de le faire, pas encore. En attendant la tension est palpable au travail et comme la patronne prendra sa retraite bientôt il est question de mettre un peu plus de distance entre nos deux bureaux. Cela ne changera rien au problème elle sera toujours campé sur sa position par orgueil et moi par peur. Car c'est bien ce qui m'empêche de lui parlé, elle n'a jamais reçu ce que je lui ai dit simplement comme je le dit. L'exemple le plus simple c'est un matin ou j'ai dit : Il fait vraiment beau ce matin. Elle m'a répondu : Mais il faisait plus beau hier. Bon, je vois.


Un peu de repos
après une dure semaine
-samedi de soleil

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