25 avril 2024

Samedi dernier je me suis acheté un vélo à assistance électrique.  Merci maman!  Ce n'est pas avec l'aide sociale que j'aurais réussi à me payer un tel luxe.  Malheureusement, depuis que je l'ai ramené à la maison il fait un froid de canard.  Je l'ai tout de même essayé, je voulais le tester.  Jusqu'à maintenant, me rendre à la boîte aux lettres me demandait tout mon petit change avec mon ancien vélo, alors que dorénavant, l'aller se fait en vitesse car c'est en descente et le retour se fait en souplesse avec l'assistance électrique.  Je sens que je vais passer un bel été, je vais pouvoir sillonner Ste-Sophie et découvrir ses charmes cachés.  Bref la vie ne comporte pas que des malheurs et j'en suis fort aise, alors dansons maintenant.

J'ai commencé les traitement d'immunothérapie et cela se passe bien.  Hier, j'ai eu très mal à la tête, mais la morphine m'a aidée et m'a fait dormir.  Aujourd'hui, ça va mieux.  Pas besoin de médicament, peut-être ce soir pour m'aider à dormir.  

J'ai réussi à faire une aquarelle,  Ce n'est pas ma meilleure, mais je vous l'offre avec plaisir, un plaisir égal à celui que j'ai eu à la réaliser,  J'ai commencé par une ébauche dans un cahier que je réserve pour ça.  Puis, comme je n'étais pas contente de mon premier essai sur papier Arches, je l'ai jeté et j'ai recommencé.  Je me suis inspirée du ruisseau qui coule dans le fossé près de chez moi.  Ce ruisseau que je suis quand je descend jusqu'aux boîtes aux lettres. 


                                                            Le doux temps ramène

                                                            la petite cascade bruyante

                                                            -bottes de caoutchouc





18 avril 2024

                                      

Aujourd'hui il pleut.  Je viens de terminer une aquarelle que j'avais commencée il y a cinq ans.  Comme si j'avais réalisé que je n'avais pas encore toutes les connaissances techniques pour la terminer.  Alors qu'aujourd'hui, le travail à faire m'a semblé évident.  C'est rare que je ne termine pas un travail.  J'en ai trouvé deux autres, dont une que je terminerai demain, ou après-demain, qui sait.  La troisième je crois que je vais la jeter.  Je ne sais toujours pas quoi en faire.  J'avais suivi un atelier avec une aquarelliste que j'aimais bien.  Elle commençait par teindre la feuille au complet avant de commencer.  C'est loin d'être ma technique préférée.  Dommage pour la feuille de papier gâchée, au prix qu'elle coûte.

J'ai reçu l'appel d'une ancienne collègue de travail, hier.  Elle était cuisinière et moi serveuse dans une résidence pour aînés.  J'admirais son calme et sa générosité.  On n'était pas spécialement amie, mais on s'appréciait.  C'est toujours aussi désagréable d'annoncer à quelqu'un que j'ai un cancer.  Cela l'a attristée, j'aurais préféré lui dire que j'allais sortir un livre avec mes haïkus, mais non.

L'année dernière j'étais pourtant bien décidée à les faire publier.  J'avais ressorti tous mes haïkus écrits depuis mes débuts en 1981.  Ça fait un beau paquet.  Devant la tonne de travail, j'ai failli abandonner.  Je collecte mes écrits dans différents cahiers, un pour chaque saison et un autre pour ceux qui n'en ont pas, les senryus qui parlent plutôt des gens et de leurs travers.  Ils sont souvent humoristiques, je suis assez moqueuse.  J'ai vite réalisé que les saisons pouvaient se relier chacune à un sens.  J'ai donc choisi les haïkus de printemps qui se reliaient à l'ouïe, ceux d'été avec l'odorat, d'automne avec la vue et d'hiver avec le goût.  Restait le toucher avec les senryus qui parlent d'amour.  C'est bien connu depuis Harmonium que la cinquième saison est celle de l'amour.

Comme le doute m'envahissait, j'ai demandé à une amie, Francine Labrie, auteure prolifique pour enfant et qui possède un excellent français écrit, de me corriger.  Elle ne connaissait pas spécialement le haïku aussi j'avais intérêt à être claire dans mon propos sinon, je n'avais plus qu'à retravailler.  Ça nous a pris tout l'hiver dernier et après ça ,j'ai envoyé mon manuscrit à cinq éditeurs. Elles ne sont pas nombreuses à éditer du haïku.  Quatre de ces maisons étaient en France, une seule m'a répondu pour me dire qu'elle n'éditait plus de haïkus.  J'ai réalisé plus tard qu'une autre n'existait plus, pour cause de difficultés durant la pandémie.  La seule qui m'a répondu c'est l'éditeur de l'Ontario, Les Éditions David, pour laquelle j'ai participé à plusieurs collectifs.  Après étude par leur comité de lecture, j'ai été refusée.  J'ai eu le courage de leur demander leurs critères de sélection et j'ai reçu deux pages de textes tellement compliqués que j'en ai perdu le peu d'estime de moi qui me restait.

Puis j'ai pensé au blogue comme solution.  Il permet de m'auto-publier, sans aucun frais, sans couper un seul arbre et sans aucune censure.  Une grande liberté.  Je l'ai donc ranimé de ses cendres et je vous offre aujourd'hui le premier tercet que j'avais proposé aux éditeurs.  Il parle d'amitié mais aussi de solitude, c'est la force du haîku, de dire en peu de mots, de contenir autant dans le non-dit.  Vous entendez le bruit des gouttes d'eau?  

                                                         

                                                            La pluie attendue

                                                            vient frapper à la fenêtre

                                                            comme une vieille amie




11 avril 2024

Des mauvaises journées on en connait tous.  Mercredi dernier en fut une parmi les plus mémorables pour moi.  D'abord mon taxi collectif ne s'est pas présenté.  Ma fille m'a donc déposée près d'un arrêt de bus et le chauffeur a réussi à oublier de s'arrêter à mon arrêt, dûment demandé.  Il m'a fallu marcher davantage pour me rendre à mon premier rendez-vous avec l'oncologue.  Comme j'étais en retard d'une demi-heure, j'ai dû attendre la fin de ses rendez-vous pour le rencontrer, soit trois heures plus tard.  Ce gentil médecin, croyant toujours que j'allais être traitée au CHUM, car c'est à cet hôpital que j'avais été soignée la première fois, m'a demandé des éclaircissements que j'avais du mal à lui fournir parce que j'avais des crampes dans la langue, occasionnées par de longues attentes à l'extérieur pour le taxi et l'autobus.  Une mauvaise journée! je vous l'avais dit.  Il a finalement consenti à me prendre comme patiente.

Ce médecin m'a donc proposé des traitements en immunothérapie et expliqué toute la procédure.  Il a fini par répondre à ma question: -Combien de temps je peux vivre si je n'accepte pas les soins?  Sa réponse hésitante: -Moins de 9 mois, comme c'est dans la gorge vous allez mourir étouffée.  Avec les soins je peux augmenter mon espérance de vie de 6 semaines à 6 ans.  Il ne sait pas vraiment.  Bref, je vais tenter ma chance, bien que je ne crois pas en avoir beaucoup.  Seulement, je ne crois pas non plus être malchanceuse.  Les gens et les systèmes ont tendances à m'oublier, mais j'ai de la discipline, de la patience et de la résilience, ce qui fait que j'arrive à passer à travers bien des situations.  De toutes façons, je n'ai pas grand chose à perdre.  Je peux arrêter les traitements à tout moment si cela devient trop pénible.   

Pour couronner le tout, j'apprends que cette même journée, mon beau neveu, père de trois magnifiques enfants, à fait un pneumothorax, sont troisième en fait.  Merde! de journée de merde! 

Je dois dire que samedi dernier s'est déroulé à l'opposé de ce mercredi à oublier.  J'ai assisté à la représentation d'Okuni, une pièce de danse théâtre de Kayo Yasuhara, ma professeur de danse japonaise.  Il y avait aussi Élizabeth Cathy à la musique (flûtes japonaises et percussions) et mon amie Sylvi Belleau à la technique mais aussi à la direction artistique et à la mise en scène.  C'était à la Maison de la Culture de Montréal Nord.  J'y ai vu plusieurs de mes amies et des connaissances mais toutes et tous sont venus vers moi avec un doux sourire plein de compassion.  Je ne m'attendais pas à ça.  Il y a plus de gens que je ne le croyais qui lisent ce blogue.  Je suis très reconnaissante envers vous tous qui me suivez.  Comme ça, je n'ai pas à répéter mon histoire et on peut parler d'autres choses, comme de nos projets, de nos occupations, de musique et d'aquarelle.  

J'ai grandement apprécié le spectacle, c'était la troisième fois que je le voyais, avec quelques années d'intervalle entre chaque, et c'est le meilleur des trois.  Les filles ont travaillé fort pour améliorer le texte, la mise en scène, le graphisme et l'animation du fond de scène.  Même la musique avait plus de sens, plus de répercussion sur l'histoire racontée qui est celle d'Okuni la créatrice du Kabuki.

J'ai terminé la soirée chez une amie et le lendemain nous sommes allées marcher près de la rivière Des Prairies.  La journée était belle et ensoleillée.  Le sol était presque sec et la ballade a duré deux heures.  Une très belle fin de semaine, comme quoi, il y a aussi de belles journées.


                                        La neige à fondu

                                        le sol dégèle doucement

                                        -l'odeur pas terrible




05 avril 2024

 Hier, pas d'électricité de toute la journée.  Une tempête de neige portée par un fort vent d'est sévissait et arrachait des branches aux arbres.  Résultat: coupure de courant.    

Mais comme c'était beau!  La neige collante adhérait à chaque branche de chaque arbre dessinant des arches sous le poids de toute cette accumulation.  Un tableau abstrait en blanc sur blanc, avec tous les tons de gris possibles.  Je contemplais ce paysage en ajoutant une couche de vêtement de temps en temps.  Très vite le thermostat est descendu à 14 C et s'y est cantonné.  Comme la luminosité était grande j'ai tout de même réussi à peindre une aquarelle.  

Pas d'électricité ici, signifie pas d'eau.  Le puits nécessite une pompe électrique.  Heureusement, je garde toujours deux gallons d'eau pour ces cas-là.  Une lampe à l'huile, quelques bougies et une bonne lampe de poche, un radio avec des batteries et j'ai passé une agréable soirée.  J'ai terminé un roman, L'eau qui dort, de Fiona Barton, un polar anglais bien cousu, et complété quelques grilles de mots croisés.  Juste au moment où je me mettais au lit sous deux couvertures supplémentaires, la lumière est revenue et le calorifère s'est mis à craquer.  

Dans quelques jours tout aura fondu.  C'est ça le printemps au Québec,  de la chaleur puis du froid et de la pluie suivie de neige,  du vent et puis soudain il fait 20 C et c'est l'été.


                                        Tempête printanière

                                        tout n'est pas devenu blanc

                                        grosse panne électrique




28 mars 2024

 Le temps s'est radouci.  La neige ne persiste que dans la forêt et dessine de drôles de figures sur le sol.  Les premiers tussilages sont sortis, ces petites fleurs jaunes que l'on prend souvent pour des pissenlits.  Elles colorent le ruisseau qui descend la côte en suivant la rue.  Quand je vais chercher le courrier qui se trouve trois rues plus bas, j'écoute la chanson de son ruissellement.  Je m'arrête souvent pour en profiter aux endroits où il va crescendo. 

Aujourd'hui j'ai rencontré une infirmière et mon médecin en soins palliatifs.  Elles vont m'aider pour la douleur.  Ça fait du bien d'être écoutée et comprise.  Elles savent combien les cancers ORL sont douloureux.  De l'extérieur, j'ai l'air tout à fait normale.  Je ne me plains pas, à quoi bon,   Mais un peu de morphine est parfois la bienvenue.  J'attends toujours d'être contactée par l'équipe d'oncologie de St-Jérôme.  Il semble que l'immunothérapie pourrait ralentir le processus.

Bientôt ce sera Pâques et samedi mon fils organise une petite fête pour l'enfant à venir.  J'ai tellement hâte de la rencontrer, c'est une petite fille.  Elle s'appellera Lana.  Elle arrivera autour du 27 avril.  J'aime tricoter pour elle.  J'ai mis une semaine à démêler des écheveaux de coton pour en faire des balles.  Maintenant je crochète une petite robe pour bébé.

Je continue à pratiquer l'aquarelle.  En ce moment je dessine des paysages calmes et sereins.  Des lacs, des rivières au dégel qui reflètent les montagnes sur leurs eaux paisibles.  J'entretiens la sérénité.  Je privilégie toujours le ciel.  Je lui donne la plus grande place car ce que j'aime le plus c'est de peindre les nuages.  En fait, je peins entre les nuages.  C'est peindre en négatif, moi qui suis si positive.  Ça m'amuse!


                                       Raffale de vent
                                        les arbres éparpillent leur neiges
                                        aucun chant d'oiseaux




19 mars 2024

 Je viens de retirer les flocons de neige en papier que je bricole chaque année pour placer dans mes fenêtres.  Nous sommes officiellement le dernier jour d'hiver et voilà qu'il neige.  Ça aura été une drôle de saison très peu froide et qui aura permis à un printemps hâtif de s'installer.  J'ai plus tricoté que skié,  une seule fois du ski de fond, une fois de la raquette ( je n'en raffole pas) et cinq ou six fois de sortie avec ma trottinette des neiges.   

De toute façon je ne sors plus beaucoup depuis un an.  Ma santé s'est dégradée.  J'ai survécu à un cancer de la gorge en 2002, mais récemment des séquelles importantes apparaissent l'une après l'autre : difficulté à parler, à manger, douleurs et fatigue.  En juin de l'année passée on m'a installé un tube pour me nourrir directement par l'estomac, c'est une gastrostomie.  Depuis je n'ai plus mangé ni même bu quoi que ce soit.  Tout passait directement dans mes poumons.  Le printemps dernier avait été difficile, j'étouffais.  C'est beaucoup mieux maintenant, bien que me nourrir soit devenu monotone.

La semaine dernière mon ORL m'a annoncé que j'avais a nouveau un cancer de la gorge.  Ce n'est pas le même qui revient, c'est une autre sorte de cancer.  Pas de chance!  Ce sont les mots du médecin.  Moi qui avait fabriqué au tricotin une murale avec le mot CHANCE parce que la chance il parait que l'on doit se la faire.  Un travail inutile on dirait.  Je crois que je vais transformer le mot pour écrire DANSE.  Car je continue de danser dans mon salon, et j'adore ça,  Ces temps-ci sur un disque de Pink Martini.  

J'ai beaucoup mieux pris la nouvelle cette fois-ci.  La première fois j'avais pleuré durant trois jours.  Là, je fais pleurer ma famille et mes amies.  Je m'en excuse, vraiment.  C'est moi qui les console.  Je suis trop sereine on dirait.  Pourtant je suis lucide.  Mais je ne peux que réaliser que j'ai eu plus de vingt ans de sursis.  Que j'en ai profité et que j'en profite encore, c'est pas terminé.  Mon fils et sa femme attendent un bébé pour le mois d'avril.  C'est bientôt et c'est merveilleux.  La vie est forte mais à la fin c'est toujours la mort qui gagne.


L'hiver se termine

Demain commence le printemps

Peut-être mon dernier




 






15 mars 2024

 Ça fait un bout de temps que je désire reprendre ce blogue et chaque fois, je me trouve une bonne raison pour faire autre chose.  Comme le printemps c'est le temps de faire du ménage dans ses affaires, j'ai entrepris de  faire du tri dans mes haïkus.  J'ai cru naïvement que j'arriverais à les faire publier.  Après le refus de plusieurs maisons d'éditions ici et en France, je me suis souvenue du plaisir que j'avais à rédiger ce blogue, d'y présenter et mes haïkus et mes aquarelles.  Me voilà donc de retour, j'espère pour votre plus grand plaisir, en tout cas, pour le mien.


Retour du printemps
À chaque matin plus d'oiseaux
En rester sans voix