30 août 2024

 Je me souviens de mon premier amour, ma mère.  J'ai très peu de mémoire des noms, des chiffres, mais j'ai une excellente mémoire affective.  Je me souviens très bien de l'amour que je ressentais lorsque ma mère venait me prendre dans mon lit.  C'était un amour immense, complet car j'étais aimée en retour.  Toute notre vie on tente en vain de retrouver un pareil amour, si on l'a connu bien sûr.  Je plainds ceux qui ne l'ont pas connu, comme leur vie doit être difficile.  Ma vie, grâce à ma mère, elle a été centrée sur l'amour.  J'ai aimé chacune de mes amies, chacun de mes amants, chacun de mes enfants.  Je les aime tous encore, qu'ils soient toujours dans ma vie ou pas.  On n'oublie pas quelqu'un qu'on a aimé, même si ça c'est mal terminé.  C'est si facile de pardonner à ceux qu'on aime ou qu'on a aimé.  

Ma mère est une femme douce et effacée.  Quatrième d'une fratrie de douze, elle a vite appris à partager.  Débrouillarde, et excellente cuisinière, nous n'avons manqué de rien même en période de vaches maigres.  Curieuse et regrettant de n'avoir fait qu'une école d'arts ménagers, elle a réussi son secondaire en même temps que nous, en cours du soir.  Elle lisait beaucoup et possédait un vocabulaire riche et vaste qui allait de la cuisine jusqu'au bureau du médecin en passant par l'argot et les québécismes.  Amatrice de mots croisés elle a refilé ce goût à ma frangine et moi.

 A vingt-trois ans elle épousait l'homme qu'elle aimait.  Il est mort beaucoup trop tôt à l'âge de quarante-sept ans. Je n'ai jamais entendu mes parents se disputer.  Ils discutaient le soir sur l'oreiller, réglaient les problèmes du jour et planifiaient les fins de semaine et les vacances à venir.  Ma mère s'occupait des finances depuis que mon père était au gouvernement, pour le Ministère des Transports.  Il travaillait en collaboration avec la garde côtière afin de sonder le fleuve et de dessiner des cartes précises pour la navigation.  Un travail qui l'amenait sur le bateau l'été et à la table à dessin l'hiver.   

Maman aimait tellement les livres qu'elle s'est trouvé un travail à la bibliothèque de Québec.  Elle y a travaillé jusqu'à sa retraite.  Elle continue de fréquenter celle du coin. D'aussi loin que je me souvienne, en fait depuis que je sais lire, je suis abonnée à une bibliothèque.  Ma mère nous a donné cette habitude.  J'espère l'avoir transmise aussi à mes enfants.

Pour les soixante-dix ans de maman, mes soeurs avaient invité toute sa famille pour lui rendre hommage.  Je m'étais mise à fouiller dans de vieilles photos d'elle afin d'offrir à tous un bref regard sur son parcours, avec bien sûr un peu d'humour.  Voici ce que cela avait donné:








Elle a maintenant quatre-vingt-sept ans, elle vit en appartement toute seule près de mes deux soeurs.  Elle conduit son auto et fait ses courses.  Comme elle a du mal à marcher, elle s'est acheté une chaise roulante électrique.  Elle va faire un tour dehors lorsque le temps le permet, elle prend la piste cyclable et peu même se rendre chez ma petite soeur.  Chaque soir elle m'appelle en visio sur Messenger.  Tout au long de sa vie, elle s'est adaptée et elle a dû acquérir de nouvelles connaissances sur de nouveaux outils technologiques.  Je suis fière de ma mère et j'espère que je lui ressemble un peu.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bel hommage à ta mère. ❤️

Anonyme a dit...

Quelle BELLE maman!