05 janvier 2012

Dresseuse de tortue


 Le vaste océan
je l'ai admiré souvent
-jamais d'aussi près
J'aimerais bien être ailleurs aujourd'hui.  Un ailleurs très loin si possible, avec la mer tout autour, comme sur cette image.  Une île ferait aussi bien l'affaire, mais une île où il fait chaud, pas comme ici à Montréal.  Habituellement j'aime l'hiver, mais je suis en recherche de travail depuis longtemps et tourner en rond n'est pas mon fort.  J'aime avoir une route à suivre quitte à la défricher, à me la faire moi-même.  Pour l'instant mon seul souci est de trouver de quoi payer mon loyer, pas de peindre une superbe aquarelle, ni d'écrire un bon haïku.  Non, tout bêtement, comme les trois quart des gens sur terre je veux juste manger, enfin, avoir de quoi manger.  Je n'avais jamais vécue cela auparavant.  J'ai quitté mes parents pour vivre avec mon amoureux de l'époque qui gagnait bien sa vie.  Quand je l'ai quitté, je me suis trouvé du travail et j'ai toffé 10 ans.  Maintenant je voudrais vivre de mes aquarelles, de mes dessins et de mes illustrations.  Je trouvais mon style assez établie et assez subtile pour se glisser dans toutes sortes de publication, pour plaire à toutes sortes de gens mais voilà, où sont ils?  Les clients ne se bousculent pas, ni les amateurs non plus.  J'ai trouvé une galerie qui m'a pris mes petites aquarelles, je diffuse sur plusieurs sites internet tant aux USA qu'en Europe, la dernière en liste se trouve en Allemagne, mais je n'ai aucune demande qui arrive.  J'aimerais bien continuer à produire mais les sous me manquent.  Mon ordinateur menace de me lâcher, ma sécheuse vient juste de le faire bref, les nuages noirs s'accumulent au-dessus de ma tête.  Comme je suis tête en l'air, je les vois très bien, ne vous en faites pas.  Je ne peux les ignorer, mais qu'est-ce que j'aimerais être ailleurs.  Je vais surement devoir prendre un boulot idiot qui va me nourrir, une job alimentaire, une affaire plate à tout les coups.  Je ne veux pas retourner travailler devant un écran toute la journée, j'aimerais mieux servir du café au Tim's et c'est ce qui me pend au bout du nez.  Je ne suis pas découragée, ce n'est pas mon genre, j'ai du courage à revendre mais je suis désespérée.  L'espoir nous pousse à attendre que les choses se tassent, le désespoir nous fait agir mais pas toujours au mieux.  Je ne volerais pas de banque, je suis trop honnête, je ne danserais pas nue, je suis trop vieille, je vais trouver un boulot qui bouge car j'ai besoin de bouger et de voir du monde.  J'avais un petit boulot de serveuse, mais le restaurant qui m'employait est maintenant fermé.  C'est difficile de se faire embaucher en janvier car bien des restaurants ferment leurs portes durant ce mois creux.  Montréal en lumière vas les ramener au travail et je vais tenter de m'y faire une petite place.  C'est dur de chercher du travail, quand ça fait trois fois durant l'année que tu reprends ce même chemin, ça devient épuisant. Puis, on a beau dire, l'âge que j'ai ne m'aide pas.  Quand les patrons sont plus jeunes, ils me regardent de haut, l'air de se dire, elle ne sera jamais capable de tenir debout toute une soirée.  Les patrons plus âgés sont plus ouverts à ma candidature mais je dois les rencontrer en personne et souvent ils sont en voyage en ce moment.   Si je pouvais, je m'inventerais un travail sur mesure, dresseuse de tortue par exemple.  J'aime les tortues, j'en ais une petite collection, ramenée ou offerte au fil des années, en bois, en nacre, en verre, en céramique, des petites en pierres semi précieuses, en tissus, en perles, en toc et j'ai même une taie d'oreiller avec une tortue.  Le symbolisme de la tortue c'est la persévérance et la sagesse.  Je suis persévérante, nul doute la dessus, je vais continuer de chercher du travail, mais  pour ce qui est de la sagesse, on verra ça plus tard, quand je serai grande...

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