04 mars 2011

Le harfang des neiges


Presqu'invisible
immobile sur un piquet
un harfang des neiges

Une rencontre unique, un harfang des neiges vues depuis la voiture lors d'un séjour à l'Île aux Coudres il y a quelques années.  Il faisait presque nuit et les champs alentour avaient commencé à prendre une teinte de gris qui fonçait petit à petit.  Nous étions presque arrivés à destination et c'est dans une courbe que je l'ai aperçu.  Debout sur un piquet de clôture en bois de cèdres se tenait ce bel oiseau blanc taché de noir.  Il ouvrait ses grands yeux, sans doute aveuglé par les phares de la voiture.  Nous nous sommes arrêtés sur le bas côté, il ne passait plus personne de toute façon.  J'ai sortie mon appareil photo, mais comme la lumière manquait j'ai décidé de m'approcher un peu.  Mauvaise idée, il s'est envolé.  Je me souviens encore du bruit de ses ailes, car il n'y avait aucun vent: flop, flop, et puis plus rien.  En deux coups d'aile il était hors de porté, il a semblé glisser sur la neige jusqu'à l'orée d'un bois et il y est entré sans un seul bruit de plus.  La simplicité de son vol, la majesté de son regard et le calme qui se dégageait de cette scène ce soir là se sont gravés dans ma mémoire.  Cette image m'est revenue lors d'un exercice d'écriture de haïku ou il était suggéré comme sujet un oiseau de nuit.  J'ai revécu cette rencontre grâce à cela.  Cet oiseau est l'emblème aviaire du Québec, et son silence me fait penser à la majorité silencieuse que nous formons trop souvent.  Ookpik, pour les Inuits, mérite tout notre respect.  Cette année-là, l'hiver avait été très rude et il n'avait pas été rare de rencontrer de tels oiseaux qui descendaient plus au sud pour se nourrir.  Ce fut malheureusement notre seule rencontre, mais j'en garde un souvenir impérissable et un profond respect.

4 commentaires:

Venise a dit...

C'est vrai ce que tu dis, cet oiseau appelle le silence. J'en ai déjà vu un stationné sur notre cheminée à Ste-Anne-de-la-Pérade. Mais aussitôt qu'on a fait un petit peu de bruit, il s'est envolé en toute majesté. Il m'a semblé faire plus de vent que son corps en était capable. Et comme toi, j'en ai vu un de loin sur un poteau. Il tient à la distance cet oiseau, ne l'approche pas qui veut. La distance. Comme ce pays où les villages sont loin un des autres, où l'on peut rouler parfois très longtemps avant de rencontrer âme qui vive.

Il est le silence. Hum, je savoure. Merci pour tes mots et ton image.

linerouge a dit...

Merci Venise, on partage la même sensibilité.

Nancy Isabelle Labrie a dit...

Bonjour!
J'ai lu votre commentaire qui m'a touché sur le blog de Josée Blanchette, celui au sujet de la journée de la femme. Je suis aussi une artiste, j'ai eu envie de connecter avec vous. je garde votre blog dans mes favoris... Au plaisir de partager avec vous!

www.nancyisabellelabrie.com
www.lesmainsreveuses.blogspot.com

linerouge a dit...

Merci Ni, j'ai également mis ton blog dans mes favoris. Vous pourriez faire des haïkus dans un de tes ateliers c'est facile et ça ancre bien la vie dans la réalité.