28 juin 2024

 Aujourd'hui je me gâte.  Ce sera une sortie au spa avec ma fille.  Hier, je recevais mon quatrième traitement d'immunothérapie et la veille, j'avais vu mon oncologue qui m'a avoué que les traitements semblaient être un échec.  Il m'a suggéré de prendre le dernier puis de faire un scan afin de confirmer ce constat.  Il m'a aussi proposé des traitements de chimiothérapie, mais il comprend très bien que je ne sois pas intéressée.  Je vis un quotidien très satisfaisant, je n'ai pas envie d'être plus malade que je ne le suis.  Je parcours les sentiers de piste cyclable, je dessine et fais de l'aquarelle, je tricote, bricole et jardine, je suis active et consciente.  Je n'ai pas envie de passer mes journées à l'hôpital et de subir les effets secondaires de ces traitements.  De toute façon, la chimio ne possède aucune garantie quant à ses résultats et ne serait aucunement curative.  Ma vie sera sans doute plus courte que prévue.  Je suis en paix avec ça.  


Alors voilà pourquoi je me gâte.  Je vais même me faire masser tant qu'à y être.  J'ai mon diplôme de massothérapeute et je suis très critique sur les massages que je reçois, mais là, je vais juste me faire dorloter un peu.  J'ai en effet suivi une formation offerte par la ville de Montréal qui durait un an.  Quatre matins par semaine j'étais présente et apprenait le métier.  Mon ex-mari m'y avait inscrite, il voulait sans doute profiter de mes progrès.  Il est vrai que les massages m'intéressaient, mais j'ai vite réalisé que physiquement je n'étais pas assez solide pour faire plus d'un massage par jour.  Cela m'épuisait.  J'étais jeune, j'avais 20 ans et j'y côtoyais des femmes formidables.  Il y avait une spécialiste du shiatsu (l'acupressure ).  Elle avait même une école. Mais la Ville ayant changé ses règlements, il fallait pour pouvoir exercer, posséder un diplôme de massothérapie.  Dans le groupe, j'adorais une vietnamienne qui était sage-femme dans son pays.  Son mari et elle avaient possédé une maternité, lui étant obstétricien et pédiatre.  Il y avait également une sexologue très drôle qui nous amusait beaucoup.  La professeur avait l'air tout droit sortie d'un mauvais film sur les SS.  Excellente pédagogue, elle ne brillait pas par son empathie ni sa douceur.  Elle m'a refusé mon diplôme parce que j'avais eu 100% à l'examen écrit.  Elle croyait que j'avais triché.   J'ai eu beau lui expliquer que j'avais un DEC en sciences pures et que j'avais déjà réussi mes cours de biologie.  Je n'ai reçu mon diplôme qu'une année plus tard.

J'ai souvent vécu ce genre de mauvaise foi de la part des femmes.  Plus rarement des hommes, qui me perçoivent de façon plus positive.  La dernière en liste, la réceptionniste du centre d'oncologie.  Par deux fois elle a fait passer une personne avant moi alors que rien ne le justifiait et les attentes sont souvent interminables.  A chaque fois elle m'a dit être désolée, en regardant son clavier, elle ne m'avait pas vue...  Raison de plus pour ne pas avoir envie d'y retourner.  Me libérer des traitements sera une grande joie pour moi.  Ceux qui en ont subis me comprendront.

Accepter les choses comme elles sont, c'est quelquefois plus facile que l'on pense.


                                                  Dans le pot de miel

                                                  des miettes de pain grillé    

                                                  qui resteront là




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