J'aime la vie.  J'aime tout ce qui est vivant, les fleurs, les arbres, les champignons, même les insectes. J'aime les animaux et les humains et j'ai pitié des fous qui détruisent tout sur leur passage.  La pitié est une forme d'amour pleine de compassion et surtout pas empreinte de mépris comme on a tendance à le penser.  Le mépris n'a rien à voir avec l'amour, c'est même un tue l'amour qui tue à petit feu comme un cancer.

Mais je suis curieuse de voir ce qu'est la mort.  Je ne suis pas morbide ou gothique.  Je n'aime pas vraiment m'habiller en noir.  Je ne dors pas dans un cercueil.  Au contraire, je m'habille de vêtements colorés et je dors parmi mes plantes vertes.  Cependant, le fait de savoir ma mort prochaine me réjouit, je vais enfin savoir ce qu'il y a après.  C'est comme partir en voyage vers une destination inconnue, sans bagages, ni groupe organisé.  Et puis, si après il n'y a rien, eh! bien, je ne le saurai jamais.  Mais comme le dit si bien Raymond Devos, rien, ce n'est pas rien.  Car il existe aussi des moins que rien.

La semaine prochaine je vais entamer les démarches pour avoir droit à une mort assistée.  Il semble que cela peut se faire rapidement avec une date ouverte, pour plus tard.  Je vais rencontrer mon médecin en soins palliatifs accompagnée de ma fille car elle a autant de questions que moi.  Je me sens privilégiée de pouvoir choisir le jour de ma mort.  C'est offert à très peu de gens.  Il faut se savoir condamné et être conscient de ce qui nous arrive.  Il est sans doute un peu tôt dans mon cas, mais la maladie pourrait progresser assez vite.  Comme je perds la voix, je préfère m'en occuper maintenant alors qu'il m'en reste encore suffisamment  pour pouvoir rencontrer les différents intervenants.  Si cette démarche chagrine ma fille, moi elle me réjouit.  J'aimerais bien mourir le premier novembre, le jour des morts.  Cela me semble approprié.  Juste après Halloween, ma fête préférée.  Je me déguiserai en sorcière pour la dernière fois.  Je donnerai des friandises aux enfants du quartier derrière ma porte décorée pour l'occasion.  Une belle finale, sans feux d'artifices, c'est ce que je souhaite.  On verra bien.

                    Le lac est tranquille

                    pagayer dans les nuages

                    -je mourrai demain