26 juillet 2024

Le couperet vient de tomber.  Je suis en phase terminale. Le pronostic est clair, il me reste de trois à six mois.  La tumeur a doublé depuis les six derniers mois et il n'y a pas de place dans ma gorge pour qu'elle double encore.  Il me reste tout un été et l'automne que j'aime tant.  Peut-être verrais-je tomber la première neige, c'est chaque fois un moment magique.  Sinon, vous l'admirerez en pensant à moi.

Mes proches me demandent ce qu'ils peuvent faire pour moi. Un gros câlin, c'est ce que je leur demande.  J'adore les câlins, je prends même ceux des inconnus qui en offrent gratuitement dans le métro.  C'était la mode avant la pandémie.  Autrement, je n'ai besoin de rien, j'ai tout ce qu'il me faut et je dois avouer que je n'ai plus de désir.  Je n'ai pas envie de voyager, je ne peux rien manger, et goûter les plats du coin de pays visité fait partie des découvertes intéressantes.  Je n'ai pas plus envie de faire la fête pour les mêmes raisons.  Je n'ai pas énormément d'énergie non plus, tout au plus quelques heures debout avant de devoir m'allonger un peu à cause des médicaments contre la douleur qui me font dormir.  J'ai surtout besoin de calme.

Aujourd'hui je vais profiter de cette belle journée d'été et aller avec ma fille, son chum et ma petite-fille pagayer sur un lac au coucher du soleil.  Nous l'avions fait l'été dernier et c'était un vrai bonheur.   J'ai demandé à ma fille de pouvoir le refaire.  Ça c'est à mon goût. À cette heure là, il n'y a plus personne sur l'eau ni dans les parkings.  Le lac, le ciel, les montagnes, sont à nous. Le monde entier semble être à nous.  Le bonheur, je vous dit.

Les journées fraîches j'irai faire du vélo.  J'aime bien être seule pour pédaler.  Je vais à mon rythme, j'arrête quand je veux pour regarder un arbre, écouter un oiseau ou observer un renard.  Tant que j'aurai assez de souffle je pourrai bouger comme je l'entends.  Mais le souffle va bientôt me manquer, autant en profiter.  Vous ne savez pas la chance que vous avez de manger ce qui vous tente.  Je vais bientôt penser que vous avez de la chance de respirer l'air qui vous chante.  


                                     Soirée au balcon

                                     à écouter l'engoulevent

                                     nous parler d'été





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