13 juillet 2024

Les émotions sont de drôles de bibittes.  Certaines nous chatouillent, d'autres nous piquent ou nous blessent, mais toutes nous prennent par surprise à un moment ou à un autre.  

Depuis que j'ai quitté Montréal je me suis rapprochée de la nature, de la forêt, des oiseaux et des fleurs surtout.  Je n'avais jamais réalisé à quel point tout cela me manquait.  J'adore me lever tôt et faire le tour de la maison.  Je ramasse les fleurs tombées, j'écoute les oiseaux chanter et j'écrase quelques insectes.  

Certains matins sont plus surprenants que d'autres, comme celui où j'ai aperçu quatre chevreuils chez le voisin.  Rien n'est plus émouvant que de surprendre un chevreuil au petit matin, alors imaginez quatre.  Je les avais vu trembler alors que tout mon être frémissait lui aussi.  Puis, quand ils ont disparu je ne sais où, je m'étais retrouvée le coeur triste comme lorsque la fête est terminée et que je reste seule avec le ménage à faire.  Cependant, quel que soit l'émotion que la vie m'apporte, j'essaie de  l'accueillir avec joie. Même si, étrangement, la splendeur d'un moment peut me faire monter les larmes aux yeux, comme la beauté d'une musique peut faire dresser les poils de mes bras, sans que j'y puisse quoi que ce soit.  Quand on abat un arbre magnifique j'ai envie de pleurer, et quand j'aperçois sur la route une marmotte écrasée j'ai la gorge serrée,  alors il ne reste plus qu'à faire la part des choses.  Je me dit que tout ça fait partie de la vie. 

Mes propres émotions je les accepte, mais je dois maintenant finir d'apprendre à accepter celles des autres.  J'ai toujours désiré que les autres partagent cette espèce de sérénité qui m'habite depuis l'enfance.  Je ne sais pas à quoi c'est dû, un taux de sérotonine plus élevée?  Peut-être.  Mon père disait de moi que j'étais une imbécile heureuse.  Je crois que quelque part il n'avait pas tort.  Je prends les évènements comme ils arrivent, sans appréhensions et je ne rumine pas trop les erreurs que j'ai faites.  J'ai beaucoup de compassion pour les autres mais j'en ai aussi pour moi.  J'estime que quelquefois je suis arrivée à partager avec mes amies assez de calme pour apaiser leurs angoisses, du moins, je l'espère.  

Il me reste encore à apprivoiser la sympathie de ceux qui m'entourent face à ce qui m'arrive.  Leur tristesse et leur chagrin me vont droit au coeur et comme je sais que j'en suis la cause, j'ai encore du mal avec cette émotion car c'est comme un jeu de miroir.  Je souffre d'un cancer, ma famille et mes amies sont tristes alors que je ne le suis pas, mais je deviens triste de les rendre triste et voila la mise en abîme qui commence.  Je ne peux éviter cela, alors je l'accepte, et je dois recommencer l'exercice à chaque jour.  Je ne vais pas m'isoler pour ça, mais je dois avouer que je préfère être avec ceux qui sont en paix avec ce qui m'attend ou alors rester seule.  Seule avec la nature qui elle, m'accepte comme je suis, sans émotions.


                                                  Monter au ruisseau

                                                  pour écouter sa musique

                                                  -envie de pleurer





Aucun commentaire: