18 avril 2024

                                      

Aujourd'hui il pleut.  Je viens de terminer une aquarelle que j'avais commencée il y a cinq ans.  Comme si j'avais réalisé que je n'avais pas encore toutes les connaissances techniques pour la terminer.  Alors qu'aujourd'hui, le travail à faire m'a semblé évident.  C'est rare que je ne termine pas un travail.  J'en ai trouvé deux autres, dont une que je terminerai demain, ou après-demain, qui sait.  La troisième je crois que je vais la jeter.  Je ne sais toujours pas quoi en faire.  J'avais suivi un atelier avec une aquarelliste que j'aimais bien.  Elle commençait par teindre la feuille au complet avant de commencer.  C'est loin d'être ma technique préférée.  Dommage pour la feuille de papier gâchée, au prix qu'elle coûte.

J'ai reçu l'appel d'une ancienne collègue de travail, hier.  Elle était cuisinière et moi serveuse dans une résidence pour aînés.  J'admirais son calme et sa générosité.  On n'était pas spécialement amie, mais on s'appréciait.  C'est toujours aussi désagréable d'annoncer à quelqu'un que j'ai un cancer.  Cela l'a attristée, j'aurais préféré lui dire que j'allais sortir un livre avec mes haïkus, mais non.

L'année dernière j'étais pourtant bien décidée à les faire publier.  J'avais ressorti tous mes haïkus écrits depuis mes débuts en 1981.  Ça fait un beau paquet.  Devant la tonne de travail, j'ai failli abandonner.  Je collecte mes écrits dans différents cahiers, un pour chaque saison et un autre pour ceux qui n'en ont pas, les senryus qui parlent plutôt des gens et de leurs travers.  Ils sont souvent humoristiques, je suis assez moqueuse.  J'ai vite réalisé que les saisons pouvaient se relier chacune à un sens.  J'ai donc choisi les haïkus de printemps qui se reliaient à l'ouïe, ceux d'été avec l'odorat, d'automne avec la vue et d'hiver avec le goût.  Restait le toucher avec les senryus qui parlent d'amour.  C'est bien connu depuis Harmonium que la cinquième saison est celle de l'amour.

Comme le doute m'envahissait, j'ai demandé à une amie, Francine Labrie, auteure prolifique pour enfant et qui possède un excellent français écrit, de me corriger.  Elle ne connaissait pas spécialement le haïku aussi j'avais intérêt à être claire dans mon propos sinon, je n'avais plus qu'à retravailler.  Ça nous a pris tout l'hiver dernier et après ça ,j'ai envoyé mon manuscrit à cinq éditeurs. Elles ne sont pas nombreuses à éditer du haïku.  Quatre de ces maisons étaient en France, une seule m'a répondu pour me dire qu'elle n'éditait plus de haïkus.  J'ai réalisé plus tard qu'une autre n'existait plus, pour cause de difficultés durant la pandémie.  La seule qui m'a répondu c'est l'éditeur de l'Ontario, Les Éditions David, pour laquelle j'ai participé à plusieurs collectifs.  Après étude par leur comité de lecture, j'ai été refusée.  J'ai eu le courage de leur demander leurs critères de sélection et j'ai reçu deux pages de textes tellement compliqués que j'en ai perdu le peu d'estime de moi qui me restait.

Puis j'ai pensé au blogue comme solution.  Il permet de m'auto-publier, sans aucun frais, sans couper un seul arbre et sans aucune censure.  Une grande liberté.  Je l'ai donc ranimé de ses cendres et je vous offre aujourd'hui le premier tercet que j'avais proposé aux éditeurs.  Il parle d'amitié mais aussi de solitude, c'est la force du haîku, de dire en peu de mots, de contenir autant dans le non-dit.  Vous entendez le bruit des gouttes d'eau?  

                                                         

                                                            La pluie attendue

                                                            vient frapper à la fenêtre

                                                            comme une vieille amie




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